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Déjeuner avec le ministre de l’Éducation Nationale

Après avoir relayé l’information sur les réseaux et avoir moi-même tenté ma chance, j’ai eu la possibilité, avec 6 autres collègues de déjeuner avec Pap Ndiaye, ministre de l’Education Nationale pour un « moment d’échange et de réflexion sur l’École ».

– RÉCAPITULATIF –

Pourquoi avoir postulé ?

J’ai toujours trouvé les débats autour de l’école déconnectés de nos attentes. S’il y a bien une personne à qui je dois faire part de mes réflexions c’est au ministre directement. C’était donc l’occasion « rêvée » ! Pouvoir s’exprimer me paraît important et constater de ses propres yeux à quoi ressemble un échange hors caméra avec un ministre également.

Qu’est-ce que j’en attendais ?

Être en paix avec moi-même à l’issue du repas : pouvoir me dire que je suis allé au bout de l’expérience et avoir dit les choses qui me tenaient à cœur. Je n’y allais pas pour me promener à Paris et profiter d’un repas plus élaboré que mon tupperware de pâtes avalé habituellement en 5 minutes entre deux corrections. Après, on ne va pas se mentir et vu le nombre de personnes qui m’ont souhaité « bon appétit », le repas reste un plaisir à prendre au sérieux !

– LE REPAS –

Préparation

Avant le repas, j’ai mis à contribution les collègues qui nous suivent sur Instagram via un questionnaire rapide (grâce à framaforms). Je comptais sur leur aide pour clarifier, étayer mes idées et surtout les hiérarchiser. Le nombre de participations a dépassé mes attentes (250 réponses).

Je ne me voyais pas abandonner toutes ces contributions après leur lecture alors j’en ai fait un dossier que j’ai remis au ministre à l’issue du repas. Vous pouvez consulter ici :

Jour J

Concernant le repas en lui-même, je suis face à deux informations contradictoires …

Sur place, on m’a affirmé que je pouvais communiquer comme bon me semble autour de ce repas. Depuis, j’ai donc pris le temps de remettre mes notes au propre dans l’idée de les publier mais, aujourd’hui, je me suis aperçu, en relisant la page d’inscription au repas, qu’il est écrit que nous ne devons pas communiquer les échanges sur les réseaux sociaux. Alors que faire ?

En relisant mes notes, je ne vois rien d’offensant ni engageant la responsabilité d’un quelconque participant (ministre ou collègue). Pas de révélations, pas de petites phrases extraites du repas pour agiter la toile, rien pour faire le « buzz ». Vous remarquerez d’ailleurs que notre site internet est sans pub. Je n’ai donc rien à gagner financièrement (sans oublier que nous payons pour l’hébergement du site !). Je reste sur un compte-rendu neutre des thèmes abordés pour vous permettre de vous faire une idée plus précise de ces repas. Cela vous paraitra peut-être fade, mais qu’importe. Encore une fois, je ne cherche pas le sensationnalisme.

Participants au repas

Nous étions 7 personnels de l’E.N. : une principale adjointe, une conseillère pédagogique départementale (CPD) en arts visuels, un inspecteur de l’Éducation Nationale (IEN) et 4 professeurs des écoles (PE) dont 1 directeur. Nous étions tous d’académies différentes.

Tâches administratives

Après une présentation de chaque membre, le premier thème (initié par le ministre) fut les tâches administratives que nous jugeons inutiles et chronophages. Les enquêtes statistiques, les remontées d’actions, les difficultés d’organisation de formations en tant que conseiller pédagogique et notamment les applications de gestion ont été citées par les différents participants. 

Inclusion

Au sujet de l’inclusion, nous avons émis le besoin d’un rapprochement entre l’Éducation Nationale et les professionnels de santé et du social. A l’instar d’un RASED qui permet un appui sur les difficultés scolaires (mais malheureusement malmené par le passé), un réseau élargi aux difficultés sociales et médicales des élèves pourraient s’avérer plus qu’utile. C’est ce genre d’idées que nous avons émises et l’isolement ressenti par les enseignants dans ces situations a été évoqué. A ce sujet, le ministre a fait part d’une expérimentation à Marseille où certains professionnels (orthophonistes, par exemple) interviennent directement dans l’école.

Impact COVID

Le ministre nous a questionné au sujet de l’impact du COVID sur les élèves. Les refus scolaires anxieux, notamment dans le second degré, ont été abordés. Autour de la table, tout le monde s’accordait à dire que le COVID a laissé des traces non négligeables.

Classes flexibles

Le sujet des classes flexibles est arrivé conjointement au projet « Notre école faisons-la ensemble » (NEFLE). La difficulté de faire changer les mentalités (parents et parfois professeurs) a été abordée par les collègues. Le ministre a fait part de différents dispositifs observés lors de ses visites et a rappelé l’utilité du dispositif NEFLE et du fond d’innovation pour ce genre d’idées. 

Relations avec les mairies

Au détour de la discussion autour des projets NEFLE, le lien avec les collectivités a été abordé. L’inégalité de traitement entre écoles selon l’implication plus ou moins importante des mairies a été évoqué tout comme la charge financière non négligeables pour certaines mairies rurales qui emploient des ATSEM.

Élèves à besoins particuliers

La croissance vertigineuse des élèves à besoins particuliers questionne le ministre. Nous avons échangé autour des difficultés rencontrées sur le terrain dans l’inclusion des élèves. Nous avons également abordé les réponses apportées aux élèves à besoins particuliers qui sont toujours médicales mais cachent bien souvent un problème social. L’augmentation des troubles autistiques a également été relevé.

AESH

La discussion précédente a permis d’enchaîner au sujet des AESH et du manque de moyens humains pour l’inclusion. Nous avons discuté autour du projet de création d’un corps particulier pour les AESH avec un rapprochement des missions d’AED pour arriver à des contrats de 35h.

PIAL

Le ministre a questionné certains participants au sujet des PIAL. Les réponses ont été mitigées selon les secteurs. Nous avons échangé autour de l’idée d’inclure plus d’interactions avec les familles.

Liaison école / collège

Sur ce sujet aussi, les avis étaient mitigés. Le manque d’apports concrets des conseils école-collège ont été évoqués ainsi qu’une différence d’obligations entre professeurs du 1er et du 2nd degré vis-à-vis de cette instance. 

Formation

Un souhait est apparu comme unitaire parmi les participants PE : plus de formations entre pairs. A ce sujet également, le nombre de CPC par circonscription a été abordé (inégal selon les académies) en insistant sur la nécessité de repeupler les circonscriptions pour assurer une formation de qualité. Le ministre a fait état d’une réelle difficulté à recruter des CPC. 

Le manque de lien et de soutien des jeunes enseignants avec l’IEN et les CPC a été évoqué. Les lourdeurs administratives et le rôle de plus en plus administratif des IEN au détriment du pédagogique ont également été soulignés. 

Pacte enseignant

Le repas s’est terminé autour du pacte enseignant. Les problèmes liés à son organisation, le manque d’informations précises ainsi que la volonté d’une réelle reconnaissance des missions déjà effectuées en tant que PE et non la réalisation de tâches supplémentaires ont été abordés. Le ministre a rappelé que les missions du pacte pourront varier localement et s’adapter car les directeurs, en lien avec l’inspecteur de circonscription, auront la possibilité d’identifier des missions correspondant à leurs besoins.

Fin du repas

Les échanges ont duré près de 2 heures, le ministre était ensuite attendu au Sénat pour les questions au gouvernement.

– POUR FINIR … –

A titre personnel, j’aurais aimé aborder de plus près le mal-être des enseignants et les possibilités d’évolution de carrière ou de reconversion. D’autres repas auront lieu, je passe donc le bâton de relais 😉

Si vous souhaitez participer à ce genre de repas, je ne peux que vous encourager à le faire. Il suffit de s’inscrire sur le site du ministère l’Éducation Nationale lorsqu’une nouvelle date est annoncée.

Les possibilités d’échanges avec la hiérarchie sont bien trop rares à mon goût. Il faut donc les saisir, dès qu’elles se présentent.

Enfin, si la défense de vos intérêts vous importe : pensez à vous syndiquer où bon vous semble.

4 commentaires sur « Déjeuner avec le ministre de l’Éducation Nationale »

  1. Un grand merci pour ce compte rendu. Entendre ces infos des premiers concernés et sans intermédiaires peut, j’espère, avoir un autre impact 😊 Bravo!

  2. Merci pour ce retour. J’ai noté qq idées intéressantes. Chacun y verra son intérêt en fonction des besoins de chaque école. Je trouve votre participation exemplaire. Et j’espère que le repas était bon ( c’est la partie légère de cette rencontre). Bonne soirée.

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